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Chicago Cultural Center

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Chicago Cultural Center
Le Chicago Cultural Center.
Présentation
Type
Destination initiale
Bibliothèque centrale[1]
Destination actuelle
Centre d'art et de culture,
Office de tourisme de Chicago,
Siège du City of Chicago Department of Cultural Affairs and Special Events (DCASE)
Style
Architecte
Shepley, Rutan and Coolidge
Ingénieur
William Sooy Smith
Matériau
Construction
Rénovation
1977
2022-2023
Hauteur
32 mètres
Propriétaire
Ville de Chicago
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
État
Commune
Adresse
78 East Washington Street
Coordonnées
Carte

Le Chicago Cultural Center est un bâtiment municipal situé au 78 East Washington Street à Chicago[2], dans l'État de l'Illinois, aux États-Unis. Construit entre 1893 et 1897 au cœur du secteur financier du Loop (Downtown Chicago) et à proximité immédiate de Grant Park et de Millennium Park, le bâtiment abritait à l'origine la bibliothèque centrale de la ville (Chicago Central Library) qui devint à la suite de sa première rénovation en 1977, un centre d'art et de culture majeur grâce à Lois Weis, le commissaire aux affaires culturelles de la ville de Chicago (Commissioner of the City of Chicago Department of Cultural Affairs and Special Events)[3]. En outre, le bâtiment constitue un des points centraux pour les réceptions officielles de la ville, en effet le maire de Chicago y accueille des présidents, des rois, des diplomates, des dirigeants politiques et des hommes d'affaires influents en visite dans sa ville.

En 2006, le Chicago Cultural Center a accueilli plus de 839 000 visiteurs[4]. Il est aujourd'hui la 5e destination culturelle de la ville. Le bâtiment est inscrit sur la liste des Chicago Landmarks (CL) depuis 1976 par la ville de Chicago et sur le Registre national des lieux historiques (National Register of Historic Places ; NRHP) depuis 1972 par le National Park Service.

En tant que premier centre culturel municipal gratuit aux États-Unis[5], le Chicago Cultural Center est l'une des attractions les plus populaires de la ville et est considéré comme l'une des vitrines artistiques les plus complètes des États-Unis. Le Chicago Cultural Center est un haut lieu de l'animation socioculturelle à destination des Chicagoans et propose chaque année plus d'un millier de programmes et d'expositions couvrant un large éventail des arts de la scène, des arts visuels et littéraires.

Le bâtiment abrite l'office de tourisme de la ville de Chicago, le siège du Département des affaires culturelles et des événements spéciaux de la ville de Chicago (Chicago Department of Cultural Affairs and Special Events ; DCASE) et sert également de lieu de prédilection pour la chorale des enfants de Chicago.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le 4 mars 1837, Chicago fut incorporée en tant que ville[6]. Trente-trois ans plus tard, en octobre 1871, un incendie fait rage dans le cœur de la ville, tuant 300 personnes, laissant 100 000 personnes sans abri et détruisant 18 000 bâtiments sur une superficie totale de 10 km2[7]. Chicago fut littéralement ravagée par les flammes, son centre-ville ainsi que ses quartiers environnants furent presque intégralement détruits.

Dans l'esprit de dévouement et de détermination si représentative de ses citoyens, la ville fut bientôt reconstruite. Un an après l'incendie, la ville fut transformée en un gigantesque chantier et de nouveaux bâtiments sortirent de terre toutes les semaines. En 1875, de hauts bâtiments (dont certains possédant plus de neuf étages, ce qui fut rendu possible grâce à l'ascenseur récemment inventé) bordèrent les nouvelles rues commerçantes et l'économie de Chicago prit un nouvel élan. Les chantiers furent partout et la ville continua à se développer rapidement. Même dans ce contexte difficile, les habitants de Chicago commencèrent à manifester un intérêt grandissant pour la culture, l'apprentissage et le savoir.

Bibliothèque centrale de Chicago[modifier | modifier le code]

De 1897 à 1977, la Chicago Central Library servait de bibliothèque centrale publique de Chicago (photographie prise en 1903) ; aujourd'hui le bâtiment abrite le centre culturel de la ville.

La première bibliothèque publique de Chicago remonte à 1834, lorsque le Chicago Lyceum prit en charge le financement et la gestion d'une bibliothèque de près de 300 volumes pour ses membres. Le Lyceum ferma ses portes et, en 1841, certains de ses membres formèrent un nouveau centre culturel appelé « association de l'AOS ». L'association possèda une salle de lecture publique comprenant une collection de plus de 30 000 livres, qui furent cependant détruits dans le sillage du Grand incendie de 1871.

Peu de temps après la tragédie, la ville de Chicago et l'AOS reçurent environ 8 000 livres de la part d'auteurs britanniques, éminents hommes d'État, qui firent donation à la ville afin qu'elle puisse se reconstituer une collection qui fut totalement détruite. De nombreux volumes furent autographiés par des bailleurs de fonds, comme la reine Victoria, John Stuart Mill, Charles Darwin, Robert Browning, John Ruskin et Alfred Tennyson entre autres. Avec tous ces livres comme base pour commencer une nouvelle collection, la ville de Chicago et les leaders de l'AOS établirent la première bibliothèque publique de Chicago en avril 1872.

En 1873, n'ayant plus assez de place pour entreposer sa collection de livres qui devint de plus en plus importante, le conseil d'administration des bibliothèques de la ville organisa une collecte de fonds afin qu'une bibliothèque puisse être installée provisoirement dans un ancien réservoir d'eau. Durant de nombreuses années, la bibliothèque occupa divers espaces temporaires à travers la ville tandis que les membres du conseil d'administration cherchèrent un lieu pour qu'elle puisse s'établir de façon permanente. En 1874, la collection fut mise en circulation gratuitement pour tous les Chicagoans, et deux ans plus tard, 120 000 volumes vinrent compléter la collection.

Au début des années 1890, la ville envisagea de faire construire ce qui devint l'une des plus importantes bibliothèques des États-Unis. La ville récolta des fonds du gouvernement fédéral pour construire le bâtiment. Les travaux commencèrent en 1893 et s'achevèrent en 1897. Le bâtiment (aujourd'hui connu sous le nom de « Chicago Cultural Center ») ouvrit ses portes la même année et devint la première bibliothèque centrale de la ville (connue à l'époque sous le nom de « Chicago Central Library ») jusqu'en 1977. L'intérieur du bâtiment comprend des mosaïques ornées, des dômes de marbre, et bronze et de vitrail conçus par la Tiffany Glass and Decorating Company[8].

Rénovation et reconversion (1977)[modifier | modifier le code]

La façade porte l'inscription « Public Library of The City of Chicago » (côté Michigan Avenue).

Lorsque la population de Chicago explosa à partir de 1890, passant d'1 million à plus de 3,6 millions d'habitants en 1950, les ressources de la bibliothèque devinrent insuffisantes pour la demande croissante des Chicagoans. En 1974, la bibliothèque commença à déménager dans des locaux provisoires dans l'attente d'une nouvelle installation définitive. En 1991, la Harold Washington Library devient la bibliothèque centrale de la ville, avec plus de neuf millions d'ouvrages[9] répartis sur 9 étages. La firme d'architectes Holabird and Root, basée à Chicago, termina la reconversion et la restauration de l'édifice en 1977. La cour en U sur son côté ouest fut aménagée avec des rampes d'accès et d'autres services.

Rebaptisé « Chicago Cultural Center », le bâtiment devient un centre culturel majeur et fait aujourd'hui partie des principales destinations culturelles de la ville aux côtés du musée Field d'histoire naturelle (Field Museum of Natural History), de l'Art Institute of Chicago, de la jetée Navy (Navy Pier) ou encore du musée des Sciences et de l'Industrie (Museum of Science and Industry ; MSI). Le Département des affaires culturelles et des événements spéciaux de la ville de Chicago (City of Chicago Department of Cultural Affairs and Special Events ; DCASE) l'a classé 5e destination culturelle par le nombre de visiteurs chaque année.

Aujourd'hui, le Chicago Cultural Center comprend des galeries d'arts, des salles d'exposition, des lieux dédiés aux performances artistiques, un vaste centre de conférence, des espaces où l'on peut trouver de grandes collections cinématographiques, un centre de loisirs pour les personnes âgées, une cafétéria, un Musée de la communication et de la radiodiffusion, des accès internet, le siège de l'Office de tourisme de Chicago et les bureaux du Département des affaires culturelles de la ville de Chicago. Chaque année, le Chicago Cultural Center accueille des meetings, des réunions et des conférences d'importance internationale.

Seconde rénovation (2022-2023)[modifier | modifier le code]

En 2022-2023[10], le Chicago Cultural Center a subi une seconde rénovation dans le but de redonner au bâtiment sa beauté originale[11]. La restauration méticuleuse du dôme de verre artistique et des finitions décoratives des salles de la Grande Armée de la République, un mémorial de la guerre de Sécession, a été rendue possible grâce à l'octroi de services évalués à plus de 15 millions de dollars à la ville de Chicago. Le Chicago Cultural Center abrite deux magnifiques dômes en vitrail[12]. Harboe Architects, une société leader dans la préservation historique basée à Chicago, remporta le projet.

Ce vaste projet de rénovation[13] comprit la recréation complète des luminaires d'origine, le nettoyage et le polissage des marbres, la restauration des portes en acajou et l'installation de nouveaux verres. Les équipes de restauration effectuèrent de nombreuses heures pour enlever méticuleusement les couches de peinture dans les salles historiques. Le projet engloba également la restauration complète du dôme en vitrail de 40 pieds (12 m) de diamètre conçu par Tiffany[14] , qui était recouvert de crasse et de peinture. Le dôme contenait plus de 60 000 morceaux de verre individuels à restaurer. Les studios Daprato Rigali, entreprise basée à Chicago, réalisèrent la restauration complète du dôme en vitrail[15].

Architecture[modifier | modifier le code]

Dôme en vitrail de George Louis Healy et Louis Julian Millet[16].

En 1891, une fois le financement établi par la récolte de fonds du gouvernement fédéral et de la ville de Chicago, le conseil municipal de Chicago a soumis des demandes à des firmes d'architectes à travers le pays afin d'abriter la bibliothèque centrale de la ville et le musée de la Grande Armée de la République. Les instructions pour les architectes précisaient que la nouvelle bibliothèque devait « transmettre aux visiteurs l'idée que le bâtiment est un monument public et durable digne d'une ville majeure ». Le bâtiment fait 107 m de longueur du nord au sud, 40,8 m d'est en ouest et 32 m de hauteur du trottoir à la balustrade.

En février 1892, la firme de Boston Shepley, Rutan and Coolidge (connue aujourd'hui sous le nom de « Shepley Bulfinch Richardson and Abbott ») obtint le contrat pour la conception de la bibliothèque[1]. Ces trois jeunes architectes furent les successeurs du bureau de Henry Hobson Richardson, l'un des cabinets d'architectes les plus respectés du XIXe siècle aux États-Unis, responsable notamment du grand magasin Marshall Field's Wholesale Store à Chicago (1885-1887) et de la diffusion du style néo-roman (appelé « roman richardsonien »). Shepley, Rutan and Coolidge furent également réputés pour avoir conçu le bâtiment d'origine de l'Art Institute of Chicago.

Lustre suspendu au cœur du dôme en vitrail Tiffany.

Le concept final des architectes était d'en faire un bâtiment de style néo-classique, qui comprendrait des colonnes grecques et des arcs romains massifs. Adhérant à des spécifications rigoureuses et détaillées du Département des Buildings (DOB) de Chicago pour la structure, la conception des architectes présentait un extérieur unifié avec un intérieur raffiné dans le style Beaux-arts. Outre son style néo-classique, l'édifice possède quelques éléments de style néo-roman. Il est coiffé de deux dômes de vitrail disposés symétriquement sur chaque aile. L'édifice s'organise autour de l'aile nord haute de 4 niveaux (entrée au 77 East Randolph) et de l'aile sud sur 5 niveaux (entrée au 78 East Washington), haut de 31 mètres, ses murs extérieurs en maçonnerie d'un mètre d'épaisseur sont surfacés de Bedford bluestone montés sur une base en granite. En 1897, les travaux furent achevés et les coûts s'élevèrent à deux millions de dollars US (environ 75,5 millions de dollars US en 2024).

Les principaux points d’intérêt architecturaux sont les suivants :

  • Entrée et escalier (côté Randolph Street) - Entrée avec colonnes doriques, portes en acajou et hall d'entrée avec plafond à caissons et murs en marbre du Vermont veiné vert. L'escalier courbe est recouvert de marbre rose de Knoxville et comporte des mosaïques et des balustres en bronze ornés.
  • Entrée, hall et grand escalier (côté Washington Street) - Portail voûté, portes à cadre en bronze et hall voûté de trois étages avec des murs en marbre blanc de Carrare et des mosaïques. L'escalier est également en marbre blanc de Carrare, serti de médaillons de marbre vert du Connemara (une région située dans l'ouest de l'Irlande), et de mosaïques complexes en verre, de pierre et de nacre de Favrile. L'escalier menant au 5e étage a été inspiré par le pont des Soupirs de Venise.
  • Mémorial de la Grande Armée de la République (Grand Army of the Republic Memorial) - Une grande salle et une rotonde dans l'aile nord. Le hall est revêtu de marbre vert profond du Vermont, brisé par une série d'arcs pour les fenêtres et les portes en acajou. La rotonde comprend des murs de 9,1 mètres (30 pieds) en marbre rose de Knoxville, un sol en mosaïque et un fin dôme en vitrail aux motifs Renaissance italienne conçu par les architectes d'intérieur George Healy et Louis Millet de la société Healy & Millet.
  • Preston Bradley Hall - Une grande salle aux motifs richement décorés de marbre blanc de Carrare incurvé, coiffée d'un austère dôme en verre Tiffany de 12 m conçu par l'artiste suisse Jacob Adolphus Holzer (1858-1938). Composé de 30 000 petites pièces, le Chicago Cultural Center déclare qu'il s'agit du plus grand dôme Tiffany au monde[17].

Illustrations[modifier | modifier le code]

Ci-dessous quelques illustrations du Preston Bradley Hall et de son dôme Tiffany :

Ci-dessous quelques illustrations du second dôme en verre du bâtiment :

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

  • Dans le film policier Les Incorruptibles réalisé par Brian De Palma et sorti en 1987, plusieurs scènes furent tournées dans le bâtiment dont celle dans laquelle Al Capone (interprété par Robert De Niro) déclare à la presse qu'il est innocent, et plus tard lors de la poursuite entre Eliot Ness (interprété par Kevin Costner) et Frank Nitti (interprété par Billy Drago) ; c'est du toit du Chicago Cultural Center que Nitti se fait pousser par Ness dans un excès de rage (Nitti meurt en s'écrasant sur une voiture garée au bas de la rue au niveau du 101 N Garland Ct).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Discover the Chicago Cultural Center. ; Chicago Dept. of Cultural Affairs, 1993. (OCLC 29895748)
  • The people's palace : the story of the Chicago Cultural Center ; Nancy Seeger; Rolf Achilles; Chicago : The Cener, 1999. (OCLC 45734464)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Chicago Cultural Center sur Structurae (consulté le 9 juin 2024)
  2. (en) Chicago Cultural Center 78 E. Washington St. sur Chicago.gov (consulté le 9 juin 2024)
  3. (en) « Six Degrees of Lois Weisberg », The New Yorker; 11 janvier 1999 ; sur Gladwell.com (consulté le )
  4. (en) Matthew Carmichael, « Chicago's Largest Cultural Attractions », Chicago Business (consulté le )
  5. (en) Chicago Cultural Center — Architecture and History (consulté le 9 juin 2024)
  6. (en) « Act of Incorporation for the City of Chicago, 1837 », State of Illinois (consulté le ).
  7. 1/3 de la ville fut détruite selon Pap Ndiaye, Caroline Rolland, « La saga d'une forteresse démocrate », dans L'Histoire (ISSN 0182-2411), no 339, février 2009, p. 41 ; 3/4 selon Jean-Michel Lacroix, Histoire des États-Unis, Paris, Presses universitaires de France, 2007 (2e éd.) (ISBN 978-2-13-056074-6), p. 323
  8. (en) « Chicago Public Library/Cultural Center », City of Chicago Department of Planning and Development, Landmarks Division, (consulté le )
  9. (en) « The Development of a Central Library », Harold Washington Library,
  10. (en) Steve Johnson, « First look: Cultural Center unveils historic renovation », sur Crain's Chicago Business, (consulté le )
  11. Doug George, « Check out the not-yet-unveiled Chicago Cultural Center renovation », sur Chicago Tribune, (consulté le )
  12. (en-US) « Mayor Lightfoot and DCASE Announce Reopening of Historic G.A.R. Rooms at the Chicago Cultural Center », sur Loop Chicago (consulté le )
  13. (en) Patty Wetli, « Get a Sneak Peek at $15M Cultural Center Restoration in Progress, Returning Tiffany Design to Original Glory », sur WTTW News, (consulté le )
  14. (en) Colin Boyle, « Get A First Look At $15 Million Restoration Of The Chicago Cultural Center Hall Honoring Civil War Veterans », sur Block Club Chicago, (consulté le )
  15. (en-US) Edward McClelland, « How They Restored the Grand Dome at the Chicago Cultural Center », sur Chicago Magazine, (consulté le )
  16. (en) stained glass, Healy and Millet à propos de Healy et Millet (consulté le 9 juin 2024)
  17. (en) Chicago Cultural Center — Preston Bradley Hall Tiffany Dome (consulté le 9 juin 2024)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]