Dance Theatre of Harlem

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Dance Theatre of Harlem
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Chiffre d'affaires
5,2 M$ (), 7,1 M$ (), 6,2 M$ (), 6,7 M$ ()Voir et modifier les données sur Wikidata
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Le Dance Theatre of Harlem (DTH) est une école de danse et une compagnie de ballet américaine située à Harlem, un quartier de New-York, créée en 1968 par Arthur Mitchell, rejoint rapidement par Karel Shook.

Le DTH est connu comme la première compagnie noire de ballet classique. Atteignant une renommée internationale, il est mis en sommeil par son fondateur en 2004 en raison de difficultés financières, avant d'être relancé en 2012.

Le DTH est également le créateur et animateur d'un programme éducatif, Dancing Through Barriers, qui permet chaque année à plusieurs centaines de personnes issues des minorités de découvrir la danse.

Histoire[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Connue comme la première compagnie noire de danse classique de l'histoire[1],[n 1], le DTH est fondé par Arthur Mitchell, le premier afro-américain nommé principal dancer d'une grande compagnie de ballet, le New York City Ballet dirigé par George Balanchine, en 1962[2].

Image externe
George Balanchine et Arthur Mitchell au New York City Ballet en 1963

En 1968, apprenant l'assassinat de Martin Luther King survenu dans le cadre du mouvement américain des droits civiques et qui le choque profondément, Mitchell décide de créer une école de danse pour les enfants de Harlem, un quartier pauvre et à la population majoritairement noire dans lequel il a grandi[3]. Karel Shook, professeur et maître de ballet du Het Nationale Ballet, le rejoint peu après[4]. Shook avait été son premier professeur de danse classique dans les années 1950[5].

Les cours débutent dans les sous-sols de l'église Church of the Master de Harlem[6]. Mitchell acquiert ensuite un garage désaffecté et y installe l'école, bâtiment dans lequel elle se situe toujours[7]. L'évolution vers une compagnie de danse apparaît rapidement nécessaire pour la financer, au travers de représentations. Suivant l'exemple de son mentor Balanchine, Mitchell construit une véritable compagnie en s'appuyant sur les meilleurs danseurs de l'école[2].

Légalement créé en 1969, le DTH participe à différents événements en 1970, et donne sa première représentation officielle le 8 janvier 1971, au musée Guggenheim de New York, avec trois ballets de chambre chorégraphiés par Mitchell. Durant cette saison inaugurale, le répertoire de la compagnie est complété avec des ballets de Balanchine et Jerome Robbins[8].

Une compagnie de réputation internationale[modifier | modifier le code]

Le DTH fait ses début internationaux au Festival de Spolète en 1971, et réalise une première saison complète en 1974. La même année, la compagnie se produit au Sadler's Wells Theatre à Londres[8]. En 1984, elle produit son ballet le plus célèbre, Creole Giselle, une adaptation de Giselle conçue par Mitchell et chorégraphiée par Frederick Franklin (en) qui transpose l'action dans le Bayou en Lousiane, dans les années 1840[9]. Le ballet est distingué par trois Laurence Olivier Awards[10].

A l'exemple de Creole Giselle, le Dance Theatre of Harlem multiplie les prises de position « esthétiques, politiques et culturelles » : au delà de la réappropriation culturelle d'un domaine « réservé » aux personnes blanches, il est par exemple à l'origine de l'utilisation de vêtements correspondant à la couleur de la peau des danseurs[1].

Photographie du ballet Les Biches en 1989.
Ballet Les Biches, 1989.

En 1988, le DTH réalise une tournée de cinq semaines en URSS, se produisant à guichets fermés à Moscou, Tbilissi et Leningrad[11]. En 1992, la troupe se produit en Afrique du Sud à la demande de Nelson Mandela[12] lors d'une tournée intitulée « Dancing Through Barriers », qui est à l'origine de la création du programme éducatif du même nom[13]. South African Suite est créé en collaboration avec le Soweto String Quartet et devient les années suivantes un classique du répertoire du DTH[14].

Une grève des danseurs survient en 1997, lors des négociations pour moderniser leur contrat de travail, défini selon le modèle de l'American Guild of Musical Artists[15]. À l'issue de la trentième saison de la compagnie, Mitchell et le DTH font leur entrée au Cornelius Vanderbilt Whitney Hall of Fame du Musée national de la danse (en) de Saratoga Springs, dans l'État de New York[16].

En 2000, le DTH participe aux hommages en l'honneur de George Balanchine[8]. À l'automne, sous l'égide de la secrétaire d'État Madeleine Albright, la compagnie fait une première tournée en Chine, se produisant à Pékin et Shanghaï[8], cette tournée participant au rapprochement culturel entre les deux pays, après la fin du boycott économique américain envers la Chine[17].

Difficultés financières et renouveau[modifier | modifier le code]

En 2004, Arthur Mitchell annonce la mise en pause de la compagnie, en raison de difficultés financières provoquées par le coût de St. Louis Woman, un ballet chorégraphié par Michael Smuin (en)[18] : la troupe de quarante-quatre danseurs est dissoute pour faire face à un déficit de 2.5 millions de dollars[19]. En 2006, le DTH est honoré par une réception à la Maison Blanche voulue par George W. Bush[20]. De 2009 à 2012, le Dance Theatre of Harlem Ensemble, un groupe issu de l'école du DTH, se produit aux États-Unis et à l'étranger avec le soutien du programme Dance For America[réf. nécessaire].

Danseurs du Harlem Theatre of Harlem en représentation à la Maison Blanche (2006).
Extrait de la représentation donnée à la Maison Blanche (2006).

En 2009, l'exposition Dance Theatre of Harlem: 40 Years of Firsts est inaugurée à la New York Public Library pour célébrer les quarante ans de la compagnie[21]. Elle tourne ensuite à travers les États-Unis, avec comme point de départ un colloque organisé à Los Angeles[22].

En 2009, Virginia Johnson, une ancienne ballerine de la compagnie (elle interprétait le rôle de Giselle en 1984[10]) est nommée directrice artistique, Arthur Mitchell devenant directeur artistique d'honneur. En 2012, Johnson met fin à la pause de huit années du DTH, relançant l'intégralité de ses activités[23]. S'appuyant sur un groupe de dix-huit danseurs[24], le DTH poursuit sa démarche originelle de diversité et inclusion, avec un répertoire très varié d'œuvres classiques, néo-classiques et contemporaines de Balanchine, Geoffrey Holder, Robert Garland (en), Darrell Grand Moultrie (un chorégraphe né à Harlem), Marius Petipa, Christopher Wheeldon et Dianne McIntyre (en)[2].

Au moment de la mort de son fondateur Arthur Mitchell en 2018, l'école du DTH compte trois cents élèves[25]. Robert Garland est nommé directeur artistique du DTH en 2023 à la suite de Virginia Johnson[26].

Actions éducatives[modifier | modifier le code]

Élèves du DTH photographiées lors d'un cours en 1998
Élèves du DTH (1998).

En plus de son école à New York, le DTH accueille des centaines de jeunes personnes chaque année dans le cadre de son programme Dancing Through Barriers, ouvert à toute personne voulant étudier la danse. Le programme se déplace dans tous les États-Unis, intégrant des élèves de la maternelle à l'université, mais aussi des adultes[27]. Lors de la mise en pause du DTH en 2004, Dancing Through Barriers est le seul élément de l'institution à continuer à fonctionner, grâce à des dons[8].

La compagnie dispose également d'une résidence au John F. Kennedy Center for the Performing Arts de Washington, pour des danseurs âgés de huit à dix-huit ans. Ouverte aussi bien aux garçons qu'aux filles, d'un niveau débutant à confirmé, elle donne lieu chaque année à une représentation dans la salle de concert du Kennedy Center[28].

Membres célèbres[modifier | modifier le code]

La danseuse Alicia Graf photographiée dans Return (2011)
Alicia Graf dans Return (2011).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

(en) Judy Tyrus et Paul Novosel, Dance Theatre of Harlem, A History, A Movement, A Celebration, Dafina, , 304 p. (ISBN 978-1-496 73360 3)

(en) Horst Koegler, The Concise Oxford Dictionary of Ballet, Melbourne, Oxford University Press, (ISBN 978-0 193 11325 1)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Alvin Ailey fonde en 1958 la première compagnie américaine de danse moderne de haut-niveau uniquement composée de danseurs noirs, le Alvin Ailey American Dance Theater.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Claire Massi-Paoli, « Démo de style du Dance Theatre of Harlem », sur Classykeo.com,
  2. a b et c (en) Walter Rutledge, « How the Legacy of Martin Luther King, Jr. Inspired the Dance Theatre of Harlem », Playbill,‎ (lire en ligne)
  3. (en) « Arthur Mitchell: Strike a pose », sur The Independent, (consulté le )
  4. (en) « Dance Theatre of Harlem | Kennedy Center », sur The Kennedy Center (consulté le )
  5. (en) Jennifer Dunning, « Arthur Mitchell Is Dead at 84; Showed the Way for Black Dancers », sur The New York Times, (consulté le )
  6. « Dance Theatre of Harlem : une histoire de mouvement et d'émancipation », sur Lense, (consulté le )
  7. « The First Ten Years - Google Arts & Culture », sur Google Arts & Culture (consulté le )
  8. a b c d et e « Columbia University Libraries Online Exhibitions | Arthur Mitchell: Harlem's Ballet Trailblazer », sur exhibitions.library.columbia.edu (consulté le )
  9. Carrie Gaiser, « Caught Dancing: Hybridity, Stability, and Subversion in Dance Theatre of Harlem's Creole "Giselle" », Theatre Journal, vol. 58, no 2,‎ , p. 269–289 (ISSN 0192-2882, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en-US) Alison Roberts-Tse, « Creole Giselle: Dance Theatre of Harlem », sur Dance Dispatches, (consulté le )
  11. (en-US) Esther Fein, « Harlem Troupe Captivates Moscow », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  12. (en-GB) Wendy Perron, « Arthur Mitchell obituary », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  13. (en-US) « Five fascinating facts : Dance Theatre of Harlem », sur Caught in the Act, (consulté le )
  14. (en-GB) Judith Mackrell, « Dance Theatre of Harlem », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Sarah Kaufman, « Harlem troupe ends strike », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  16. (en-US) Alanna Love, « Legendary Ballet Dancer | Arts Ambassador | Passionate Educator | Visionary | ARTHUR MITCHELL », sur En Face Magazine, (consulté le )
  17. US Department of State Archive, « Dance Theatre of Harlem to Launch Tour of China with Support of U.S. Department of State »,
  18. (en-US) Robin Pogrebin, « Deficit Threatens Dance Troupe In Harlem », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  19. (en) Clancy Nolan, « Dance Theatre of Harlem Closes for Remainder of Season », Playbill,‎ (lire en ligne)
  20. « President Honors Dance Theatre of Harlem at the White House », sur georgewbush-whitehouse.archives.gov (consulté le )
  21. (en) « Legendary Dance Theatre of Harlem's 40-Year History Traced in Exhibition at The New York Public Library for the Performing Arts », sur The New York Public Library (consulté le )
  22. (en-US) Debra Levine et Special to the Los Angeles Times, « 'Dance Theatre of Harlem: 40 Years of Firsts' recalls a groundbreaking history », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  23. « Dance Theatre of Harlem », sur NYC-Arts
  24. (en-US) « Dance Theatre of Harlem », sur En Face Magazine (consulté le )
  25. (en-US) Jennifer Dunning, « Arthur Mitchell Is Dead at 84; Showed the Way for Black Dancers », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  26. (en-US) Gia Kourlas, « Review: Dance Theater of Harlem Is in New (and Capable) Hands », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  27. (en-US) Gia Kourlas, « Where Are All the Black Swans? », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  28. (en) « The Kennedy Center/Dance Theatre of Harl Community Reside | Kennedy Center », sur The Kennedy Center (consulté le )