Théorie militaire

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Carl von Clausewitz, théoricien militaire prussien, auteur de De la Guerre.

La théorie militaire est l'analyse du comportement normatif et des tendances dans les affaires militaires et l'histoire militaire, au-delà de la simple description des événements de la guerre.

Les théories et les conceptions de la guerre ont varié à différents endroits au cours de l'histoire humaine. Le chinois Sun Tzu est reconnu par les universitaires comme l'un des premiers théoriciens militaires[1]. Son traité L'art de la guerre, désormais emblématique, a jeté les bases de la planification opérationnelle, de la tactique, de la stratégie et de la logistique.

Les théories militaires, surtout depuis l'influence de Clausewitz ou de Jomini au XIXe siècle, tentent de résumer les relations culturelles, politiques et économiques complexes entre les sociétés et les conflits qu'elles créent. Ces théories militaires peuvent englober des stratégies telles que diviser pour régner, affamer les défenseurs, etc.

Niveaux de guerre[modifier | modifier le code]

Les dimensions de l'art de la guerre.

Différence entre les échelons politiques, stratégiques, opératifs, tactiques et techniques[modifier | modifier le code]

Ces échelons sont spécifiques aux forces terrestres.

Il appartient à l'échelon politique, qui correspond au concept de grande stratégie, de :

  • faire le choix de la paix ou de la guerre ;
  • fixer les grandes orientations ;
  • autoriser les ressources à mettre en œuvre par les militaires (sur le champ de bataille) et/ou les diplomates (dans des négociations).

Il appartient à l'échelon stratégique de mener les réflexions, de prendre les décisions de haut niveau et de long terme en vue de gagner la guerre, c'est-à-dire de planifier et de coordonner l'action des forces militaires d'un pays en organisant les actions défensives ou offensives pertinentes.

Il appartient à l'échelon opératif de positionner les forces terrestres de façon à leur assurer un avantage initial avant la bataille.

Il revient à l'échelon tactique, en cohérence avec l'art opératif, de cibler les enjeux plus locaux et limités dans le temps dans le but de gagner la bataille du terrain.

Il appartient à l'échelon technique, en cohérence avec le dispositif tactique de maximiser les effets des armes.

Différence entre niveaux politico-stratégique, opératif et tactique[modifier | modifier le code]

Les trois niveaux de la campagne d'Ulm.

Les militaires combinent à leur tour sur trois niveaux leurs moyens et ressources en fonction des contingences :

  • le niveau stratégique généralement politico-militaire, où s'opère un dialogue itératif au plus haut niveau de l'État entre responsables politiques, diplomatiques et militaires ;
  • le niveau opératif, où est planifiée et conduite, sous la responsabilité du commandant du théâtre d'opérations, la campagne militaire interarmées qui répond aux objectifs fixés par le niveau stratégique.
  • le niveau tactique, où une opération ou une action, limitée dans le temps et/ou dans l'espace, est planifiée et conduite par l'échelon de commandement local. Le niveau tactique est en général lié à la notion « d'action en cours ».
  • le niveau technique d'emploi des armes (infanterie, cavalerie, artillerie, etc.).

Grands théoriciens militaires[modifier | modifier le code]

  • Sun Tzu (ou Sun Zi) : stratège chinois qui vivait à l'époque des Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C.). Œuvre : L'Art de la guerre. Il analyse la guerre comme un acte central pour l'État, dont la paix dicte le sens. Pour Sun Tsu, l'habileté suprême est de vaincre sans combattre, et la guerre est l'art de la tromperie (War is the art of deception).
  • Joly de Maïzeroy : théoricien militaire français (1719-1780) qui inventa le terme de "stratégie" militaire, faisant la distinction avec la tactique militaire.
  • Carl von Clausewitz : général prussien (1780-1831). Son œuvre a été regroupée sous le titre De la guerre. Tirant les leçons des guerres de la Révolution et de l'Empire, il est le théoricien de la guerre totale, même si celle-ci, dans son œuvre, est présentée plus comme un concept (celui de « la montée aux extrêmes ») que comme une réalité effective. C'est un contemporain de Jomini, mais dont les conceptions stratégiques et philosophiques transcendent à beaucoup d'égards son époque. Pour Clausewitz, la guerre est avant tout la continuation de la politique par d'autres moyens. Il théorise les concepts de centre de gravité, brouillard de guerre et de friction.
  • Antoine de Jomini : général d'origine suisse qui participa à de nombreuses campagnes dans la Grande Armée, puis devint général en chef dans l'Armée russe. En 1805, il avait déjà compris comment l'Empereur ferait pour abattre l'Armée autrichienne, pratiquement au détail près. Il est l'un des rares généraux de l'époque à avoir saisi l'essence même des opérations militaires, sans les rattacher à la période ou aux techniques. Au XXIe siècle, sa pensée inspire notamment l'armée américaine. Son obsession pour les lignes d'opération et les lignes stratégiques est cependant la cause d'un certain vieillissement de son œuvre.
  • Liddell Hart : théoricien anglais des formations de blindés mises en œuvre par Heinz Guderian durant le Blitzkrieg. Charles de Gaulle avait également écrit un ouvrage (Vers l'armée de métier) où il recommandait le même système d'attaques de blindés accompagnés d'une couverture aérienne, et qui ne sera pas pris en considération. Liddell Hart théorisa l'approche indirecte et la grande stratégie.
  • Alfred Mahan : officier de marine américain qui a écrit plusieurs ouvrages sur la stratégie maritime, qui ont si fortement inspiré les militaires américains qu'ils ont ensuite axé une grande part de leur stratégie sur ses écrits. Certains pensent[Qui ?] que leur opération pour prendre le canal de Panama fut déclenchée notamment grâce aux révélations de Mahan. C'est un disciple de Jomini, qui a traduit pour les questions maritimes les principes de L'Art de la guerre.
  • Mikhaïl Toukhatchevski : théoricien militaire soviétique qui contribua à définir les opérations en profondeur pour l'Armée rouge.
  • Alexandre Svetchine : théoricien russe et soviétique, élabore le concept de défense stratégique (en), prédisant que la guerre serait d'épuiser les ressources militaires et économiques de ses participants. Mais surtout, il théorise le concept d'art opératif.
  • Végèce : écrivain romain de la fin du IVe et du début du Ve siècle. Auteur de Epitoma rei militaris dont le succès ne s'est jamais démenti tout au long du Moyen Âge et de l'époque moderne.
  • Erwin Rommel: Stratège très célèbre astucieux durant la 2e Guerre mondiale
  • Raoul Castex : officier de marine français.
  • André Beaufre : général français.
  • John Boyd : colonel d'aviation américain et inventeur du cycle OODA.
  • Edward Luttwak : économiste et historien américain spécialisé en géopolitique.

Sources[modifier | modifier le code]

Remarques[modifier | modifier le code]

  1. For more on scholars valuation of The Art of War, see the Wikipedia article The Art of War

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]