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Évariste Lévi-Provençal

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Évariste Lévi-Provençal
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Maklouf Evariste LeviVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
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Distinctions
Œuvres principales
Nasab Kuraish (Dār al-Maʻārif, 1982) (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Évariste Lévi-Provençal
Signature dans son dossier de Légion d’honneur.

Évariste Lévi-Provençal, de son vrai nom Maklouf Évariste Lévi (en arabe : لافي بروفنسال إفاريست), né le à Constantine[1] (Algérie) et mort le à Paris (7e arrondissement)[2], est un historien, écrivain, orientaliste et islamologue français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales[modifier | modifier le code]

La famille Lévi-Provençal est à la fin du Moyen Âge une famille juive du comté de Provence (d'où le surnom de « Provençal[3] »), qu'elle doit quitter en raison de sa religion[3] vers 1480[4].

Après un long séjour en Italie[5], les Lévi-Provençal s'installent au Maghreb, peut-être[pas clair] vers 1600. Au XIXe siècle, on les trouve à Alger[6], à l'époque où la régence d'Alger (Empire ottoman) devient une colonie française, à partir de 1830. En 1870, les juifs d'Algérie (« israélites indigènes ») obtiennent la citoyenneté française (décret Crémieux).

Evariste Lévi-Provençal naît à Constantine[7] ou à Alger[8] en 1894.

Années de formation[modifier | modifier le code]

Il fait ses études secondaires au lycée de Constantine, où il est le condisciple d'Alphonse Juin, le futur maréchal, et ses études supérieures à l'université d'Alger où il est l'élève de René Basset (1855-1924), spécialiste d'arabe et de berbère, et de Jérôme Carcopino (1881-1970), alors chargé de cours en histoire.

Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est grièvement blessé lors de la bataille des Dardanelles et part en convalescence au Maroc. C'est dans le Rif que sa vocation d'arabisant se confirme[9].

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Nommé professeur à l'Institut des hautes études marocaines à Rabat en 1920, il publie ses deux thèses en 1922. Il consacre ses travaux à l'Occident musulman au Moyen Age.

Professeur à l'université d'Alger, il en est exclu par le régime de Vichy (1940-1944), qui établit un statut des juifs discriminatoire dès octobre 1940[10]. De surcroît, le décret Crémieux est abrogé.

Réintégré à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord (novembre 1942), puis de la révocation des lois de Vichy, il termine sa carrière à l'université de Paris, comme professeur et comme directeur de l'Institut d'études islamiques[11].

Apport à l'histoire de l'Occident musulman[modifier | modifier le code]

Évariste Lévi-Provençal, considéré comme le chef de file de l'islamologie française, devient le directeur de l'« Institut d'études islamiques » d'Alger. Spécialiste de l'Espagne musulmane, ses recherches et ses innovations fondent l'historiographie contemporaine sur la présence musulmane dans l'Espagne médiévale.

Il s'inscrit dans la tradition des historiens qui commencent à utiliser les sources arabes, dans la tradition positiviste, à l'instar de Reinhart Dozy. Il manque cependant parfois de sens critique et il accentue l'éloge d'Al-Andalus[12].

Cependant, son apport historique - et particulièrement les trois tomes de son Histoire de l'Espagne musulmane - reste fondamental pour l'étude des deux premiers siècles de la présence arabe en Espagne.

Les volumes 4 et 5 de la monumentale Histoire de l'Espagne dirigée par Ramón Menéndez Pidal[13] sont l'œuvre d'Evariste Lévi-Provençal, traduite par Emilio García Gómez[14].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Les Historiens des Chorfa : essai sur la littérature historique et biographique au Maroc du XVIe au XXe siècle, thèse principale pour le doctorat ès lettres présentée à la Faculté des Lettres de l'Université d'Alger, Paris, Larose, 1922[15]
  • L'Espagne musulmane au Xe siècle. Institutions et vie sociale, Paris, Maisonneuve & Larose, 1932 (réédité en 1996[16])
  • Séville musulmane au début du XIIe siècle. Le traité d'Ibn 'Abdun sur la vie urbaine et les corps de métiers, Paris, Maisonneuve & Larose, 1947
  • Histoire de l'Espagne musulmane, Paris, Maisonneuve & Larose, 1950
    • I : La Conquête et l'émirat hispano-umaiyade (710-912)
    • II : Le Califat umaiyade de Cordoue
    • III : Le Siècle du califat de Cordoue

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon certaines sources, à Alger, selon d'autres.
  2. Base Léonore, dossier de la Légion d'honneur de l'intéressé.
  3. a et b Danièle Iancu, L'expulsion des Juifs de Provence et de l'Europe méditerranéenne (XVe – XVIe siècles) : exils et conversions, vol. 36, Peeters Publishers, coll. « Collection de la Revue des études juives », , 285 p. (ISBN 978-90-429-1634-0, lire en ligne), p. 180.
  4. 1480 est l'année de la mort de René d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence, qui va permettre la mainmise du roi de France (Louis XI) sur le comté, qui jusque-là relevait du Saint-Empire, officiellement en 1487, sous Charles VIII. Un édit d'expulsion des juifs de Provence est promulgué par Louis XII en 1501. Les juifs ont été bannis du royaume par Louis IX au XIIIe siècle.
  5. D'où peut-être l'orthographe « Levi », forme italienne de « Levy ».
  6. L'expulsion des Juifs de Provence et de l'Europe méditerranéenne.
  7. Selon
    • Thomas K. Park et Aomar Boum, « Levi-Provencal, Evariste », Historical Dictionary of Morocco, 2006, page 218 ;
    • Académie des sciences d'outre-mer, « Evariste Levi-Provençal (1894 - 1956) », Dictionnaire biographique d'outre-mer, coll. « Hommes et destins », volume 1, 1975 ;
    • Hédi Bencheneb, Mohammed Ben Cheneb (1869-1929): un trait d'union entre deux cultures, Institut du monde arabe, 2004, page 37.
  8. Selon plusieurs autres sources, notamment
  9. Évariste Lévi-Provençal sur jstor.org
  10. Le statut exclut les juifs notamment de la fonction publique.
  11. Robert Brunschvig, Bulletin hispanique, volume 59, 1957, pp. 127-128.
  12. Miguel Cruz Hernández, El Islam de al-Andalus : historia y estructura de su realidad social, Madrid, Agencia Española de Cooperación Internacional, 1992, pages 46 et 47 et spécialement, page 118 pour cette critique. (ISBN 84-7232-635-7).
  13. Cette œuvre est constituée de 42 tomes et 65 volumes, l’œuvre a mobilisé plus de 400 spécialistes espagnols et étrangers. Le dernier volume a paru en 2004. Voyez Grégory Reimond, L’Hispania aeterna de Ramón Menéndez Pidal, Histoire et Antiquité dans la pensée pidalienne, Anabases 9 (2009), p. 147-172, note 4.
  14. Evariste Levi-Provençal, Espana musulmana hasta la caida del califato de Córdoba (711-1031 de J.C.), deux volumes, Madrid, 1950 et 1957, qui sont les volumes 4 et 5 de l' Historia de España dirigée par Ramon Menéndez Pidal, et traduite de l'original français par Emilio García Gómez.
  15. Notice SUDOC.
  16. Notice BPI;

Liens externes[modifier | modifier le code]

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