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Wikipédia:Sélection/Mésopotamie

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Assur (dieu)

Assur est la divinité tutélaire de la ville d'Assur, et de l'Assyrie.

À l'origine, Assur est peut-être la divinisation de l'éperon rocheux sur lequel est bâtie la ville d'Assur, et sur lequel se trouve justement son temple. Le caractère propre à Assur est difficile à définir ; c'est peut-être à l'origine une divinité de la fertilité.

Dès les premiers temps de la cité-état d'Assur, dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C., Assur est présenté comme le véritable roi de la ville, le souverain humain n'étant qu'un prince (rubūm), ou, plus révélateur, le « vicaire d'Assur » (iššiak Aššur). Si à partir de la seconde moitié du IIe millénaire les rois assyriens prennent le titre de « roi » (šarru), cette relation ne change pas, comme le marque le fait que, à chaque couronnement d'un nouveau roi, on proclame « Assur est roi ! », pour signaler que le dieu est le véritable maître du royaume. Il existe donc une relation particulière entre le dieu et l'Assyrie. Le roi n'est que l'exécutant des volontés d'Assur, et effectue les conquêtes pour la gloire de ce dieu, souvent sous ses injonctions, et bien sûr sous sa protection. Assur est donc devenu une sorte de « divinité impérialiste » au fur et à mesure que l'Assyrie a affirmé ses ambitions à la domination universelle.

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Ishtar

Ishtar est le nom d'une déesse chez les Assyriens et les Babyloniens. Les Sumériens l'appelaient Inanna. Elle doit sa renommée à son activité culturelle et mythologique jamais égalée par une autre déesse du Moyen-Orient. À son apogée, elle était déesse de l’amour physique et de la guerre, régissait la vie et la mort. Elle semble avoir comme descendance Aphrodite en Grèce, Turan en Étrurie et Vénus Victrix à Rome. Elle a un aspect hermaphrodite (Ishtar barbata), comme beaucoup de déesses de ce type.

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Marduk

Marduk (en akkadien, AMAR.UTU en sumérien) ou Mardouk, appelé aussi Bel-Marduk, Bellus-Marduk ou Baal-Marduk, est le plus grand dieu mésopotamien. Il siégeait à Babylone dans son sanctuaire l'Esagil « le temple au pinacle surélevé », auquel était adjoint la ziggourat Etemenanki, passée à la postérité comme la Tour de Babel. Sa parèdre était Zarpanitu. Les Mésopotamiens en faisaient le fils aîné d’Ea et de la déesse Damkina. Dieu agraire d'importance secondaire à l'origine, Marduk finira par supplanter Enlil (et absorber ses attributions) comme dieu suprême du panthéon. Il acquiert toute son importance sous le règne de Nabuchodonosor Ier, souverain de Babylone de 1125 environ à 1104 av. J.-C.. Le Poème de la Création (Enuma Elish), écrit à cette époque, est destiné à justifier cette promotion. On lui associe le dragon (Mushkhushu), la planète Jupiter et le nombre 50 (également attribué à Enlil).

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Shamash

Shamash est le nom akkadien du Dieu-Soleil du panthéon mésopotamien. Il correspond au sumérien Utu. Ce dieu occupe une petite position secondaire dans la hiérarchie divine par rapport au Dieu-Lune Sîn, considéré comme son père, et a un rôle effacé dans la mythologie. Cela contraste avec la grande popularité dont il a bénéficié auprès des anciens Mésopotamiens comme l'atteste le fait que nombre d'entre eux ont porté un nom faisant référence à ce dieu. Le plus souvent, on attribuait la justice à Shamash. Tout comme le soleil disperse les ténèbres, Shamash expose en pleine lumière le mal et l'injustice. Dans la mentalité mésopotamienne, cette fonction de justice a été mise en relation avec celle de guérison, vue comme la libération de l'emprise de maux injustement subis, ou encore avec la divination, Shamash éclairant les messages divins qui apparaissent dans les entrailles d'ovins, dans les rituels d'hépatoscopie très répandus en Mésopotamie ancienne. Cela lui vaut d'être célébré dans de nombreux rituels ayant donné lieu à la rédaction d'hymnes et de prières qui figurent parmi les plus belles pièces de la littérature mésopotamienne.

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Enlil

Enlil (en sumérien) ou Ellil (en akkadien), est l'un des dieux principaux de la religion mésopotamienne antique. Peut-être à l'origine une divinité liée au vent, il est considéré durant la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C. et une majeure partie du IIe millénaire av. J.-C. comme le roi des dieux, divinité suprême du panthéon mésopotamien. C'est lui qui par ses décisions attribue la suprématie aux rois humains, qui lui accordent donc une place de choix dans leurs offrandes et leurs inscriptions commémoratives. Enlil n'est que rarement le personnage principal des mythes, mais il y joue souvent un rôle important en tant que chef des dieux. La ville où se trouve le grand temple d'Enlil, Nippur, en a tiré un grand prestige religieux et culturel, sans jamais être elle-même l'origine d'une dynastie puissante. Lire l'article

Ziggourat

Une ziggurat, ou ziggourat, (prononcer /zi.gu.ʁat/), est un édifice religieux mésopotamien à degrés, présent aussi en Élam, constitué de plusieurs terrasses supportant probablement un temple construit à son sommet. Le terme vient de l'akkadien ziqqurratu(m) (féminin, parfois abrégé en ziqratu, en Assyrie siqurratu ou sequrattu, en idéogrammes sumériens U6.NIR), dérivé du verbe zaqāru, « élever », « construire en hauteur ». On peut donc le traduire par « la très haute ». Il s'agit du monument le plus spectaculaire de la civilisation mésopotamienne, dont le souvenir a continué bien après sa disparition par le récit biblique de la Tour de Babel, inspiré par la ziggurat de Babylone. Bien que rappelant par leur aspect les édifices pyramidaux d'Égypte ou d'Amérique précolombienne, les ziggurats s'en distinguent que ce soit par leur apparence ou leur fonction.

Depuis la mise au jour des grandes capitales mésopotamiennes, plusieurs de ces bâtiments ont pu être analysés, même s'il n'en reste plus qui soient intacts, beaucoup étant dans un état très délabré, se présentant sous l'aspect d'une colline, tandis que certains ont complètement disparu. Peu de descriptions des ziggurats proviennent de la civilisation mésopotamienne, que ce soient des textes ou des images. Certaines (avant tout celle de Babylone) sont mentionnées chez des auteurs grecs (Hérodote et Ctésias). Si l'aspect général des ziggurats est maintenant assez bien connu, il existe toujours des points d'ombre quant à leur signification et leur fonction en l'absence de texte explicite à ce sujet.

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Religion en Mésopotamie

Le roi Melishipak II de Babylone (1186–1172) présentant sa fille à la déesse Nanaya, détail d'un kudurru retrouvé à Suse.
Le roi Melishipak II de Babylone (1186–1172) présentant sa fille à la déesse Nanaya, détail d'un kudurru retrouvé à Suse.

La religion en Mésopotamie rassemble les croyances et pratiques religieuses des divers peuples qui ont vécu en Mésopotamie pendant l'Antiquité, entre le IVe millénaire av. J.-C. et le début de notre ère : Sumériens, Akkadiens, Babyloniens, Assyriens pour les principaux. Au cours de cette longue histoire complexe, les Mésopotamiens n'ont jamais recherché l'abstraction ni établi de cloison entre leurs cultes et les différents aspects de leur vie sociale. Il faut combiner un ensemble de sources pour en proposer un tableau : vestiges archéologiques des temples où l'on accomplissait les rites, objets dédiés aux dieux pour obtenir leurs faveurs, textes mythologiques, entre autres, et, au-delà du monde des sanctuaires, tous les types de documents relatifs à la civilisation mésopotamienne. La redécouverte de la religion de l'ancienne Mésopotamie à partir du XIXe siècle est marquée par les informations que celle-ci peut fournir sur la Bible, notamment sur ses origines. Mais peu à peu la religion mésopotamienne est devenue un objet d'étude pour elle-même, et sa compréhension continue de progresser avec la publication de nouveaux textes et la réinterprétation de sources premières.

Les anciens Mésopotamiens vénéraient de nombreux dieux, conçus comme créateurs et ordonnateurs de l'univers et de l'humanité. Les États du « Pays des deux fleuves », avec leurs souverains à leur tête, organisaient la société et l'économie de manière que les dieux puissent obtenir ce qui leur permettrait de vivre dans l'oisiveté. Quiconque enfreignait l'ordre voulu par les dieux en subissait les conséquences, tandis que ceux qui accomplissaient correctement les rites pouvaient prospérer. S'ensuivaient un ensemble de croyances et de pratiques liées aux relations entre sphère divine et sphère humaine, qui passaient par des prières, des hymnes, des rituels, même si en fin de compte les Mésopotamiens ont admis l'impossibilité de bien comprendre les volontés de leurs créateurs.

Épopée de Gilgamesh

La XIe tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.
La XIe tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge.

L’Épopée de Gilgamesh est un récit épique de la Mésopotamie. Faisant partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, la première version connue a été rédigée en akkadien dans la Babylonie du XVIIIe au XVIIe siècle av. J.-C. Écrite en caractères cunéiformes sur des tablettes d’argile, elle relate les aventures de Gilgamesh, roi d'Uruk, peut-être un personnage ayant une réalité historique, mais en tout cas une figure héroïque, et aussi une des divinités infernales de la Mésopotamie ancienne.

L’Épopée est un récit sur la condition humaine et ses limites, la vie, la mort, l'amitié, et plus largement un récit d'apprentissage sur l'éveil de son héros à la sagesse. Sa première partie relate les exploits de Gilgamesh et de son compère Enkidu, qui triomphent du géant Humbaba et du Taureau céleste suscité contre eux par la déesse Ishtar dont le héros a rejeté les avances. Le récit bascule avec la mort d’Enkidu, punition infligée par les dieux pour l’affront qui leur a été fait. Gilgamesh se lance alors dans la quête de l’immortalité, parvenant jusqu’au bout du monde où réside l’immortel Uta-napishti, qui lui apprend qu’il ne pourra jamais obtenir ce qu’il recherche mais lui enseigne l’histoire du Déluge qu’il pourra transmettre au reste des mortels.

L’Épopée repose en partie sur plusieurs récits en sumérien composés vers la fin du IIIe millénaire, relatant plusieurs exploits de Gilgamesh. À partir de sa première mise en forme vers le XVIIIe – XVIIe siècle av. J.-C., le texte connaît différents remaniements et circule sous plusieurs variantes durant le IIe millénaire av. J.-C., avant qu'une version « standard », relativement stable, ne soit écrite vers et ne se diffuse au Ier millénaire av. J.-C. Elle serait due selon la tradition mésopotamienne à l’activité d’un scribe du nom de Sîn-leqi-unninni. Cette version, sur douze tablettes, est connue avant tout par les tablettes retrouvées à Ninive et datant du VIIe siècle av. J.-C., mises au jour à partir des années dans l'ensemble de textes savants désigné comme la « Bibliothèque d'Assurbanipal ». Depuis, de nouvelles tablettes exhumées sur des sites de Mésopotamie et du Moyen-Orient ont permis d'améliorer la compréhension de l’œuvre, bien qu'elle ne soit pas connue dans son intégralité.

Tiamat

Tiamat est une divinité mésopotamienne. Dans la mythologie babylonienne, Tiamat personnifie les eaux salées des océans où règne le chaos. Son nom pourrait provenir du sumérien: ti (vie) et ama (mère), ou plus probablement du terme akkadien désignant la « mer » (tâmtu, forme ancienne ti'amtum). Lire la suite

Ea (divinité)

Empreinte de sceau-cylindre représentant le dieu Ea avec les eaux jaillissant au-dessus de ses épaules, indiquant sa fonction de dieu des eaux douces souterraines.
Empreinte de sceau-cylindre représentant le dieu Ea avec les eaux jaillissant au-dessus de ses épaules, indiquant sa fonction de dieu des eaux douces souterraines.

Le dieu Ea (en akkadien), connu sous le nom d'Enki dans les textes sumériens, est une des grandes figures du panthéon de la Mésopotamie antique et plus largement du Proche-Orient ancien. Il est considéré comme le maître des eaux douces souterraines (Apsû), de la sagesse, des arts et des techniques, dont la magie et de l'exorcisme. Dans les récits mythologiques, c'est une divinité très importante, qui intervient à plusieurs reprises en tant que démiurge ou conseiller et aide lors des situations de crise que rencontrent les autres grandes divinités. Il était vénéré en Mésopotamie, notamment dans la ville d'Eridu dont il était le patron, et disposait de sanctuaires dans de nombreuses villes. Son culte a connu un grand succès durant l'Antiquité, puisqu'il est attesté jusqu'en Anatolie et au Levant durant la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C..

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Période d'Uruk

Masse d'armes de la période d'Uruk, Tello, v. 3500–2900 av. J.-C., Musée du Louvre.
Masse d'armes de la période d'Uruk, Tello, v. 3500–2900 av. J.-C., Musée du Louvre.

La période d'Uruk est un stade de développement protohistorique de la Mésopotamie, qui couvre à peu près le IVe millénaire av. J.-C. Comme son nom l'indique, elle a été identifiée à partir des fouilles archéologiques de la cité d'Uruk, en Basse Mésopotamie, qui ont livré pour cette période un ensemble monumental dépassant largement ce qui se faisait ailleurs à la même époque. Plus largement, cette période concerne également les régions voisines du Moyen-Orient (Syrie, Iran occidental, Anatolie du sud-est), qui ont connu une certaine influence mésopotamienne durant certaines phases de développement de la culture d'Uruk. Cette période tend d'ailleurs à être mieux connue dans ces « périphéries » qu'en Mésopotamie même du fait de la situation politique récente de cette région qui y empêche les chantiers de fouilles.

Les études sur la période d'Uruk sont parmi les plus dynamiques sur la protohistoire du Proche-Orient ancien depuis le début des années 1980. Elles s'intéressent d'abord aux apports de cette période, venus principalement de Mésopotamie : apparition de l'État, des villes, de sociétés encore plus « complexes » que celles de la période précédente, celle d'Obeid, et l'apparition de l'écriture qui se produit dans la dernière phase de l'époque d'Uruk, accompagnant des mutations importantes dans le domaine symbolique. Un autre grand sujet d'étude est celui des relations entretenues entre la Basse Mésopotamie qui est le foyer de la culture d'Uruk, et les régions voisines qui ont reçu son influence dont on discute des modalités et de l'importance.

Période des dynasties archaïques

Stèle des vautours, face, registre supérieur : la « phalange » de l'armée de Lagash triomphant des troupes de la cité rivale, Umma. Vers 2450 av. J.‑C., musée du Louvre.
Stèle des vautours, face, registre supérieur : la « phalange » de l'armée de Lagash triomphant des troupes de la cité rivale, Umma. Vers 2450 av. J.‑C., musée du Louvre.

La période des dynasties archaïques (abrégé en DA) est une phase de l'histoire de la Mésopotamie, parfois aussi appelée « dynastique archaïque », « proto-dynastique » ou encore « présargonique ». Elle dure d'environ 2900 av. J.‑C., jusque vers -2340, date de l'unification de la région par Sargon d'Akkad. Succédant à la période d'Uruk qui a vu la formation des premiers États, des premières villes et l'invention de l'écriture, cette époque est caractérisée par l'existence d'États encore peu développés et peu étendus, désignés comme des « cités-États ». Leurs structures se consolident au fil du temps, jusqu'à la fin de la période qui est marquée par la constitution de l'empire d'Akkad. Du point de vue culturel, ces différentes entités politiques sont relativement homogènes, participant à une civilisation brillante qui rayonne sur une grande partie du Moyen-Orient. Les cités du pays de Sumer (Uruk, Ur, Lagash, Umma, Nippur, etc.), situées à l'extrême sud de la Mésopotamie, sont les plus influentes ; elles sont bordées au nord par des royaumes de peuplement sémite couvrant une grande partie de la Mésopotamie et de la Syrie (Kish, Mari, Nagar, Ebla, etc.).

La priorité a longtemps été donnée aux études sur la Mésopotamie méridionale et centrale, régions connues depuis la fin du XIXe siècle par les textes comme par l'art grâce aux fouilles de plusieurs sites (en premier lieu Girsu, mais aussi Tell Asmar, Khafadje, Ur, etc.). Puis l'analyse de cette période s'est progressivement élargie aux régions voisines, notamment le Sud-Ouest iranien, la Haute Mésopotamie et surtout la Syrie, de mieux en mieux connue depuis une trentaine d'années grâce aux archives d'Ebla. Cela permet de prendre en compte les évolutions qui s'y effectuent également et qui tendent à relativiser la vision traditionnelle centrée sur la Mésopotamie. En effet, cette dernière n'est pas une région isolée par ses structures politiques et sociales complexes ou son système d'écriture, car d'autres régions proches partagent des traits communs avec elle et participent à des circuits d'échanges matériels et immatériels couvrant tout le Moyen-Orient.

Empire d'Akkad

Détail de la stèle de victoire du roi Naram-Sin, musée du Louvre : Naram-Sin d'Akkad domine la scène et porte une tiare à cornes, attribut divin.
Détail de la stèle de victoire du roi Naram-Sin, musée du Louvre : Naram-Sin d'Akkad domine la scène et porte une tiare à cornes, attribut divin.

L’empire d'Akkad (ou empire d’Agadé, ou encore empire akkadien) est un État fondé par Sargon d'Akkad qui domina la Mésopotamie de la fin du XXIVe siècle av. J.-C. au début du XXIIe siècle av. J.-C. selon la chronologie la plus couramment retenue, même s'il est possible qu'il se soit épanoui environ un siècle plus tard, les datations étant incertaines pour une période aussi lointaine.

Prenant le pouvoir à Kish, Sargon parvient rapidement à dominer le Sud mésopotamien, qu'il dirige depuis sa capitale, Akkad, avec l'appui d'une élite qui est majoritairement de langue akkadienne, sémitique, par opposition au sumérien de la majorité des gens des provinces les plus méridionales. Il parvient à s'étendre en direction du plateau Iranien dans la région de Suse, à dominer la Haute Mésopotamie, puis à lancer des expéditions en Syrie (Ebla). Ses successeurs Rimush et Manishtusu préservent son héritage malgré des révoltes, et après eux Naram-Sîn, fort de sa puissance, se confère un statut divin et prétend à la domination universelle, ce qui en fait une figure impériale. Mais il fait également face à des soulèvements, et après sa mort le royaume d'Akkad se désagrège rapidement.

Bien qu'il soit difficile de démêler la réalité de la légende dans ces récits, d'autant plus que la documentation écrite datant de cette époque est essentiellement de nature administrative (tablettes de gestion et de comptabilité), la période de l'empire akkadien semble avoir marqué un profond changement dans le domaine politique, perceptible tant dans l'organisation du pouvoir et son idéologie que dans l'art officiel. Cet État a profondément marqué l'histoire de la Mésopotamie. Le souvenir de ses rois les plus prestigieux, Sargon et Naram-Sin, a duré de nombreux siècles et donné lieu à différentes légendes, plus qu'aucune autre dynastie mésopotamienne. Les évolutions sociales et économiques en Basse Mésopotamie sont en revanche moins marquées, tout comme dans la plupart des aspects de la culture matérielle, ce qui explique pourquoi il est en général impossible d'identifier des niveaux archéologiques de la période d'Akkad dans cette région.

Troisième dynastie d'Ur

Ruines de la cité d'Ur, avec la ziggurat en arrière-plan.
Ruines de la cité d'Ur, avec la ziggurat en arrière-plan.

La Troisième dynastie d'Ur (sous forme abrégée : Ur III) est, comme son nom l'indique, la troisième dynastie de la ville sumérienne d'Ur, selon la tradition historiographique mésopotamienne. Mais il s'agit surtout d'un grand empire fondé par les souverains de cette dynastie, qui domina toute la Mésopotamie d'environ 2112 à 2004 av. J.-C.

Dans l'histoire mésopotamienne, cette expérience impériale se situe dans la continuité de celle des rois d'Akkad qui l'a précédée de deux siècles environ. La dynastie d'Ur III est toutefois d'origine sumérienne et non akkadienne contrairement à celle du premier empire. Ses rois, administrateurs et lettrés, ayant essentiellement fait usage du sumérien, cette période est parfois appelée « période néo-sumérienne », à laquelle on inclut également la dynastie de Gudea de Lagash qui s'achève avec le début de la domination d'Ur III, et qui constituerait une « renaissance sumérienne » après la domination des Akkadiens, même si cette vision est très discutable.

Quoi qu'il en soit, la période d'Ur III est remarquable par la quantité de documentation écrite qui nous est parvenue, en grande majorité de nature administrative, et qui nous donne une connaissance importante du fonctionnement du royaume, de certains aspects de sa société et de son économie. Cette abondance documentaire et l'analyse des pratiques des administrateurs de l'époque ont pu donner l'impression d'un État bureaucratique. Il est au moins sûr que cet empire a vu la bureaucratie institutionnelle avoir une importance sans précédent et rarement égalée par la suite dans l'histoire mésopotamienne, et a donné lieu à des expériences administratives originales.

Assyrie

Taureau androcéphale ailé gardien du palais de Sargon II à Dur-Sharrukin, en Assyrie, musée du Louvre.
Taureau androcéphale ailé gardien du palais de Sargon II à Dur-Sharrukin, en Assyrie, musée du Louvre.

L'Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom la ville d'Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région, s'est formé au IIe millénaire av. J.-C. un royaume puissant, qui est devenu, par la suite, un véritable Empire. Aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., l'Assyrie contrôlait des territoires qui s'étendaient sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels, tels l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l'Iran.

L'assyriologie, discipline qui étudie l'Assyrie antique et plus largement la Mésopotamie antique, distingue trois phases dans l'histoire assyrienne, sachant qu'avant les environs de 700 av. J.-C., les dates sont approximatives : la période paléo-assyrienne, du XXe au début du XIVe siècle av. J.-C. ; la période médio-assyrienne, jusqu'à 911 av. J.-C. ; et la période néo-assyrienne, jusqu'à 612-609 av. J.-C., date de la fin du royaume assyrien. Schématiquement, pendant la première, l'Assyrie se réduit à la cité-État d'Assur, connue surtout par le dynamisme de ses marchands. La deuxième période voit la naissance du royaume assyrien à proprement parler, en tant qu'État territorial puissant, qui connaît cependant un affaiblissement important au tournant des IIe et Ier millénaires av. J.-C. La troisième période voit l'Assyrie se muer progressivement en un Empire, grâce notamment à sa redoutable armée. C'est par cette période que l'Assyrie est la mieux connue, grâce aux découvertes effectuées à partir du XIXe siècle dans ses capitales successives, Assur, Kalkhu (Nimrud), Dur-Sharrukin (Khorsabad) et Ninive. C'est également la puissance de cet Empire et de ses souverains qui a permis au souvenir de l'Assyrie de perdurer, par la tradition de la Bible hébraïque et des auteurs grecs classiques.

La grande quantité de documentation épigraphique et archéologique collectée pour la période assyrienne depuis près de deux siècles permet de bien connaître de nombreux aspects de ce royaume, qui est une des composantes essentielles de la civilisation mésopotamienne ancienne, au même titre que celui qui est devenu son rival méridional, le royaume de Babylone. C'est la dernière phase du royaume qui est, toutefois, de loin la mieux connue. On peut dresser un tableau conséquent de plusieurs aspects de l'administration du royaume, les activités économiques, les composantes de la société, la culture assyrienne, notamment la religion et l'art. De nombreuses zones d'ombre demeurent cependant car la documentation n'est pas répartie de façon homogène selon les lieux, les périodes et les aspects de la vie des anciens Assyriens, du fait de la disparition de nombreuses sources depuis l'Antiquité, mais aussi parce que les découvertes concernent essentiellement le milieu des élites.

Achéménides

Carte historique de l'Empire achéménide
Carte historique de l'Empire achéménide

L’Empire achéménide (vieux-persan : Hakhāmanishiya), est le premier des empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s'étend alors au nord et à l'ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières de la mer Noire ; à l'est jusqu'en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l'actuel Irak, sur la Syrie, l'Égypte, le nord de l'Arabie saoudite, la Jordanie, Israël, le Liban et jusqu'au nord de la Libye.

Le nom « Achéménide » se rapporte au clan fondateur qui se libère vers 556 av. J.-C. de l’État des Mèdes, auparavant son suzerain ; ainsi qu'au grand empire qui résulte de la fusion des deux ensembles. L'empire fondé par les Achéménides menace par deux fois la Grèce antique, conquiert l’Égypte et prend fin, conquis par Alexandre le Grand, en 330 av. J.-C.

Une des spécificités des Achéménides est de n'avoir laissé que peu de témoignages écrits de leur propre histoire (à la différence des rois assyriens par exemple) : ceux-ci sont essentiellement constitués d'archives administratives, satrapiques ou royales, dans lesquelles étaient reportées les décisions les plus importantes (mouvements de terre, documents fiscaux). C'est plutôt grâce aux écrits de leurs sujets et de leurs ennemis qu'on connaît l'histoire achéménide, notamment par les auteurs grecs comme Hérodote, Strabon, Ctésias, Polybe, Élien et d'autres.

Uruk

Façade du temple édifié à Uruk sous le règne du roi Kara-indash (fin du XVe siècle av. J.-C.), Pergamon Museum.
Façade du temple édifié à Uruk sous le règne du roi Kara-indash (fin du XVe siècle av. J.-C.), Pergamon Museum.

Uruk (ou Ourouk) est une ville de l'ancienne Mésopotamie, dans le sud de l'Irak. Le site est aujourd'hui appelé Warka, terme dérivé de son nom antique, qui vient de l'akkadien, lui-même issu du nom sumérien ou pré-sumérien UNUG, et qui a aussi donné l'hébreu Erech dans la Bible. Le site d'Uruk fut occupé à partir de la période d'Obeid (v. 5000 av. J.-C.), et ce jusqu'au IIIe siècle de notre ère. Cette ville joua un rôle très important sur les plans religieux et politiques pendant quatre millénaires.

Uruk est l'une des agglomérations majeures de la civilisation mésopotamienne ; elle joua un rôle important durant toutes les phases de sa période. Elle passe pour être la plus ancienne agglomération à avoir atteint le stade urbain dans la seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C., pendant la période à laquelle elle a donné son nom (période d'Uruk), et c'est vraisemblablement là que l'écriture a été mise au point au même moment. Elle est ensuite un important centre politique et surtout religieux, grâce au rayonnement de ses deux divinités tutélaires, le dieu du Ciel, Anu, et surtout la déesse Inanna/Ishtar, dont le grand temple, l'Eanna, joue un rôle majeur dans l'histoire de la cité. Dans la tradition mésopotamienne, Uruk doit également une partie de son prestige aux rois semi-légendaires qui sont supposés y avoir régné, dont le plus connu est Gilgamesh...

Ur (Mésopotamie)

Ruines d'Ur, avec la ziggurat en arrière-plan.
Ruines d'Ur, avec la ziggurat en arrière-plan.

Ur (Our, en sumérien URIM), actuellement Tell al-Muqayyar (en arabe : tall al-muqayyar, تل المقير, « la colline poissée/bitumée »), est l'une des plus anciennes et des plus importantes villes de la Mésopotamie antique, dans l'actuel Irak. Elle était alors située sur une des branches du fleuve Euphrate et proche du Golfe Persique. Elle apparaît comme une des principales et des plus puissantes cités sumériennes du IIIe millénaire av. J.-C., comme l'illustrent les tombes royales et le riche mobilier funéraire qui y fut exhumé. Durant le XXIe siècle av. J.-C. cette ville fut la capitale d'un puissant empire, dirigé par les rois de ce que la tradition mésopotamienne a retenu comme la Troisième dynastie d'Ur. Ces derniers édifient des monuments remarquables dans le sanctuaire du grand dieu de la ville, le Dieu-Lune, appelé Nanna en sumérien et Sîn en akkadien. Elle reste une ville importante au début du IIe millénaire av. J.-C. comme l'attestent les nombreuses découvertes de constructions et de tablettes cunéiformes effectuées pour cette période par les équipes archéologiques dirigées par Leonard Woolley, qui explorèrent ses ruines entre 1922 et 1934. Elle reste une cité assez importante en dépit d'un déclin marqué durant le Ier millénaire av. J.-C., avant son abandon vers le IIIe siècle av. J.-C. Son souvenir a peut-être été préservé par la Bible où « Ur des Chaldéens » est présentée comme la ville d'origine du patriarche Abraham.

Babylone

Ruines de Babylone photographiées en 1975.
Ruines de Babylone photographiées en 1975.

Babylone (akkadien : Bāb-ili(m), sumérien KÁ.DINGIR.RA, arabe بابل Bābil) est une ville antique de Mésopotamie située sur l'Euphrate dans ce qui est aujourd'hui l'Irak, à environ 100 km au sud de l'actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du IIe millénaire av. J.-C., cette cité jusqu'alors d'importance mineure devient la capitale d'un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà. Elle connaît son apogée au VIe siècle av. J.-C. durant le règne de Nabuchodonosor II qui dirige alors un empire dominant une vaste partie du Moyen-Orient. Il s'agit à cette époque d'une des plus vastes cités au monde, ses ruines actuelles occupant plusieurs tells sur près de 1 000 hectares. Son prestige s'étend au-delà de la Mésopotamie, notamment en raison des monuments célèbres qui y ont été construits, comme ses grandes murailles, sa ziggurat (Etemenanki) qui a inspiré le mythe de la tour de Babel et les jardins suspendus dont l'emplacement n'a toujours pas été identifié.

Babylone occupe une place à part en raison du mythe qu'elle est progressivement devenue après son déclin et son abandon qui a lieu dans les premiers siècles de notre ère. Ce mythe est porté par plusieurs récits bibliques et également par ceux des auteurs gréco-romains qui l'ont décrite et ont ainsi assuré une longue postérité à cette ville, mais souvent sous un jour négatif. Son site, dont l'emplacement n'a jamais été oublié, n'a fait l'objet de fouilles importantes qu'au début du XXe siècle sous la direction de l'archéologue allemand Robert Koldewey, qui a exhumé ses monuments principaux. Depuis, l'importante documentation archéologique et épigraphique mise au jour dans la ville, complétée par des informations provenant d'autres sites antiques ayant eu un rapport avec Babylone, a permis de donner une représentation plus précise de l'ancienne ville, au-delà des mythes. Il n'empêche que des zones d'ombres demeurent sur l'un des plus importants sites archéologiques du Proche-Orient ancien, tandis que les perspectives de nouvelles recherches sont réduites du fait de la situation politique de l'Irak.

Ninive

Plan du site de Ninive, avec la localisation des deux tells principaux et du centre de Mossoul, datant de 1903.
Plan du site de Ninive, avec la localisation des deux tells principaux et du centre de Mossoul, datant de 1903.

Ninive (en akkadien : « Ninu(w)a », en araméen : « ܢܝܢܘܐ » ou « נינוה », « Nīnwē ») est une ancienne ville de l'Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est (gauche) du Tigre, au confluent du Khosr (ou Khoser, Koussour), dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Iraq, dont le centre se trouve de l'autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines (les « tells ») de Kuyunjik et de Nebī Yūnus.

Ninive est l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu'elle est devenue l'une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine aux choix du roi assyrien Sennacherib d'en faire la capitale de son grand empire au début du VIIe siècle av. J.-C. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L'espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée. L'ensemble de ce vaste espace est aujourd'hui une superposition de ruines recouvertes à certains endroits par les nouvelles banlieues actuelles de la ville de Mossoul.

Le site de Kuyunjik occupe une place importante dans la redécouverte du Proche-Orient ancien au milieu du XIXe siècle par les archéologues qui mettent au jour ses palais et leurs bas-reliefs, ainsi que par les milliers de tablettes cunéiformes qui y ont été exhumées dès les premiers chantiers de fouille et ont permis la naissance de la discipline assyriologique. Ce même tell présente la séquence archéologique la plus longue de la Mésopotamie, depuis les premières traces d'habitations au VIe millénaire av. J.-C. jusqu'aux dernières vers les XIIIe-XIVe siècles ap. J.-C. Les fouilles de Ninive ont donc livré une partie substantielle des sources des connaissances actuelles sur l'empire assyrien et plus largement la culture de la Mésopotamie antique.

Animaux dans le Proche-Orient ancien

Poids en forme de lion, bronze, Suse, époque achéménide, VIe et IVe siècles av. J.‑C.
Poids en forme de lion, bronze, Suse, époque achéménide, VIe et IVe siècles av. J.‑C.

Le Proche-Orient ancien offre un intérêt particulier pour l'étude du monde animal et de ses interactions avec l'espèce humaine, dans la mesure où c'est dans cet espace qu'apparaissent, à partir du XIIe millénaire av. J.-C. et surtout du IXe millénaire av. J.-C., les premiers cas de domestication d'animaux (après celle du chien), et les premiers textes relatifs aux rapports entre hommes et animaux (dans la seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C.), qui portent un éclairage plus profond sur des relations déjà documentées pour les périodes postérieures par des restes archéozoologiques, artefacts et représentations figurées. Ce sont ces diverses sources qui permettent d'étudier ce sujet, profondément renouvelé depuis plusieurs années par diverses recherches sur les relations hommes/animaux (ethnozoologie).

Le Proche-Orient ancien connaît à partir du Xe millénaire av. J.-C. un processus de néolithisation caractérisé par la domestication des plantes et celle des animaux. Cette dernière a profondément bouleversé la vie des sociétés humaines en modifiant leurs activités, leurs ressources et leur rapport à la nature, notamment en reléguant la majeure partie du monde animal dans la catégorie du « sauvage ». La constitution d'une société de plus en plus complexe avec, en point d'orgue, l'apparition de l'État et de l'urbanisation, entraîne par la suite d'autres changements, notamment le développement d'un élevage à grande échelle réparti entre plusieurs acteurs (palais royaux, temples, nomades). D'un point de vue utilitaire, les hommes mobilisent les animaux pour la prestation de divers services dans des activités cruciales (agriculture, transports, guerre) et utilisent les produits animaux à différentes fins (alimentation, vêtements en laine et cuir, etc.).

Les rapports entre les hommes et les animaux ont également un aspect symbolique constant. Plusieurs animaux étaient considérés comme des véhicules de forces surnaturelles, des symboles divins, et pouvaient être mobilisés dans divers rituels majeurs (sacrifices aux dieux, divination, exorcisme). Les nombreuses représentations artistiques d'animaux renvoient généralement à cet aspect symbolique. Les lettrés ont également procédé à des tentatives de classification des animaux qu'ils connaissaient, et ont développé des stéréotypes sur les caractères de plusieurs d'entre eux, qui se retrouvent dans divers textes littéraires, notamment ceux dans lesquels des hommes sont comparés à des animaux pour mettre en avant un trait de leur personnalité. Si certains animaux ont eu un statut symbolique élevé (lion, taureau, cheval, serpent), d'autres se sont en revanche vu dénigrés et parfois frappés d'infamie (porc).

Code de Hammurabi

Code de Hammurabi
Code de Hammurabi

Le Code de Hammurabi est un texte juridique babylonien daté d'environ 1750 av. J.-C., à ce jour le plus complet des codes de lois connus de la Mésopotamie antique. Il a été redécouvert en 1901-1902 à Suse en Iran, gravé sur une stèle de 2,25 mètres de haut comportant la quasi-totalité du texte en écriture cunéiforme et en langue babylonienne, exposée de nos jours au Musée du Louvre à Paris. Plus qu'un code juridique, il s'agit en fait d'une longue inscription royale, comportant un prologue et un épilogue glorifiant le souverain Hammurabi, qui a régné à Babylone d'environ 1792 à 1750 av. J.-C., dont la majeure partie est constituée par des décisions de justice.

Depuis sa découverte, en 1901, cet ensemble de décisions est désigné comme un « code » et chaque décision comme autant de « lois » (ou « articles ») relatives à différents aspects de la vie de la société babylonienne de la période. La nature exacte du texte est l'objet de débats : bien qu'il soit souvent présenté comme un code de lois dont les dispositions sont destinées à être appliquées dans le royaume de Hammurabi, les assyriologues qui l'ont étudié plus précisément insistent sur sa fonction politique de glorification du roi et y voient plutôt une sorte de traité juridique visant à conserver le souvenir du sens de la justice et de l'équité de Hammurabi. Quoi qu'il en soit, y apparaissent des informations essentielles pour la connaissance de différents aspects de la société babylonienne du XVIIIe siècle av. J.-C. : organisation et pratiques judiciaires, droit de la famille et de la propriété, statuts sociaux, activités économiques, etc. Il convient cependant souvent de compléter ces informations par celles fournies par les nombreuses tablettes cunéiformes de la même époque exhumées sur les sites de Babylonie pour mieux comprendre le contenu du texte.

Religion en Mésopotamie

Le roi Melishipak II de Babylone (1186–1172) présentant sa fille à la déesse Nanaya, détail d'un kudurru retrouvé à Suse.
Le roi Melishipak II de Babylone (1186–1172) présentant sa fille à la déesse Nanaya, détail d'un kudurru retrouvé à Suse.

La religion en Mésopotamie rassemble les croyances et pratiques religieuses des divers peuples qui ont vécu en Mésopotamie pendant l'Antiquité, entre le IVe millénaire av. J.-C. et le début de notre ère : Sumériens, Akkadiens, Babyloniens, Assyriens pour les principaux. Au cours de cette longue histoire complexe, les Mésopotamiens n'ont jamais recherché l'abstraction ni établi de cloison entre leurs cultes et les différents aspects de leur vie sociale. Il faut combiner un ensemble de sources pour en proposer un tableau : vestiges archéologiques des temples où l'on accomplissait les rites, objets dédiés aux dieux pour obtenir leurs faveurs, textes mythologiques, entre autres, et, au-delà du monde des sanctuaires, tous les types de documents relatifs à la civilisation mésopotamienne. La redécouverte de la religion de l'ancienne Mésopotamie à partir du XIXe siècle est marquée par les informations que celle-ci peut fournir sur la Bible, notamment sur ses origines. Mais peu à peu la religion mésopotamienne est devenue un objet d'étude pour elle-même, et sa compréhension continue de progresser avec la publication de nouveaux textes et la réinterprétation de sources premières.

Les anciens Mésopotamiens vénéraient de nombreux dieux, conçus comme créateurs et ordonnateurs de l'univers et de l'humanité. Les États du « Pays des deux fleuves », avec leurs souverains à leur tête, organisaient la société et l'économie de manière que les dieux puissent obtenir ce qui leur permettrait de vivre dans l'oisiveté. Quiconque enfreignait l'ordre voulu par les dieux en subissait les conséquences, tandis que ceux qui accomplissaient correctement les rites pouvaient prospérer. S'ensuivaient un ensemble de croyances et de pratiques liées aux relations entre sphère divine et sphère humaine, qui passaient par des prières, des hymnes, des rituels, même si en fin de compte les Mésopotamiens ont admis l'impossibilité de bien comprendre les volontés de leurs créateurs.

Cunéiforme

Tablette en écriture cunéiforme.
Tablette en écriture cunéiforme.

L’écriture cunéiforme est un système d'écriture mis au point en Basse Mésopotamie entre 3400 et 3200 av. J.-C. et qui s'est par la suite répandu dans tout le Proche-Orient ancien, avant de disparaître durant les premiers siècles de l'ère chrétienne. Au départ pictographique et linéaire, la graphie de cette écriture a progressivement évolué vers un aspect spécifique, celui de signes constitués de traits terminés en forme de « coins » ou « clous » (latin cuneus), auxquels elle doit son nom moderne, « cunéiforme », qui lui a été donné aux XVIIIe et XIXe siècles. Cet aspect résulte de l'incision d'un stylet en roseau (calame) dans de l'argile, qui est la matière sur laquelle cette écriture a été le plus inscrite, généralement sous forme de tablettes d'argile, même si elle a utilisé une grande variété de matériaux au cours de sa longue histoire.

Les conditions d'élaboration de cette forme d'écriture, qui est la plus ancienne connue avec les hiéroglyphes égyptiens, sont encore obscures. Quoi qu'il en soit, elle dispose vite de traits caractéristiques qu'elle ne perd jamais au cours de son histoire. Le système cunéiforme est constitué de plusieurs centaines de signes pouvant avoir plusieurs valeurs. Ils sont en général des signes phonétiques (phonogrammes), transcrivant un son, plus précisément une syllabe. Mais une autre catégorie importante de signes sont les logogrammes (souvent désignés comme des idéogrammes), qui représentent une chose. D'autres types de signes complémentaires existent (signes numériques, compléments phonétiques et déterminatifs).

À partir de son foyer sud-mésopotamien où vivait le peuple qui en est probablement le créateur, les Sumériens, le système d'écriture cunéiforme est adapté dans d'autres langues, à commencer par l'akkadien parlé en Mésopotamie, puis des langues d'autres peuples du Proche-Orient ancien (élamite, hittite, hourrite entre autres), et il est le système dominant dans ces régions pendant tout le IIe millénaire av. J.-C. La graphie cunéiforme est parfois adaptée à des systèmes d'écriture obéissant à des principes différents de l'original : l'alphabet dans le Levant de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C., et un syllabaire dans la Perse de la seconde moitié du Ier millénaire av. J.-C. L'écriture cunéiforme décline lentement par la suite, avant de se replier sur son foyer de Mésopotamie méridionale où elle disparaît aux débuts de l'ère chrétienne.

Le cunéiforme a été un élément marqueur des cultures du Proche-Orient ancien qui ont développé un rapport à l'écrit et des littératures à partir de ce système. Sa redécouverte à l'époque moderne, son déchiffrement au XIXe siècle et la traduction des textes qu'il notait ont donné naissance aux disciplines spécialisées dans l'étude des civilisations du Proche-Orient ancien, à commencer par l'assyriologie, et ainsi permis de mettre en lumière les accomplissements de ces civilisations jusqu'alors oubliées. L'étude des types de textes et des pratiques d'écriture a également mis en évidence l'existence d'une « culture cunéiforme » commune aux peuples ayant utilisé cette écriture, fortement marquée par l'empreinte mésopotamienne.